La Légende de Gugusse

Aux temps jadis, un groupe d’une dizaine de personnes accompagnées de quelques grenadiers déambulaient dans les rues de la ville, promenant une poupée de chiffons symbolisant l’hiver et ses malheurs. Le bonhomme Hiver était brûlé sur la place au milieu de chants, de rondes et de farandoles endiablées qui exprimaient la joie générale de cette mort tant attendue. Mais Monsieur Hiver ne devait pas se douter de la chose et la solution idéale était de la saouler, aussi le faisait-on sauter dans un drap jusqu’à ce qu’il perde la tête (supplice très « en vogue » à l’époque espagnole) et à la nuit tombante, on le basculait promptement dans le grand feu! La foule criait, dansait, riait, l’alcool coulait à flot. Les acolytes étaient vêtus de blanc en représentation de la neige, amie de l’hiver, et les masques noirs pour ne pas être reconnus par le triste sire l’année suivante…

Les grenadiers, pour empêcher la foule de lyncher prématurément la marionnette, apparurent. Il y avait également un homme porteur de cannes à pêche qui distribuait des brioches pendant au bout de ligne; les enfants se pressaient autour de lui pour mordre à ces succulentes friandises, mais deux ou trois pères fouettards armés de verges cinglaient les jambes de tout ce petit monde.

Par dessus tout cela, la musique de la ville apportait son concours sonore à tout cet imbroglio..

La tradition se perpétue dans la région grâce à un comité qui tient à faire survivre ce bon vieux temps: les Amis du Gugusse.

Evidemment, quelques changements sont intervenus: l’homme aux brioches a été remplacé par monsieur Saurets. Le drap, toile de sauvetage des pompiers sert de temps-en-temps à faire pirouetter des enfants mais surtout des personnes du beau sexe attrapées par les pères fouettards, chose que d’ailleurs elles n’apprécient pas forcément !

Texte écrit à l’occasion de l’Assemblée Générale des Amis de Gugusse en 1979. Le siège social se trouvait à l’Hôtel Alfa.


L’histoire des Amis du Gugusse

Le carnaval de Marche tient ses origines dans un petit personnage moqueur, patriote et gai luron que l’on
nomme GUGUSSE. C’est également sous la forme d’une poupée qu’il revient chaque année depuis 1960 lors du traditionnel carnaval du dimanche gras. Cette tradition veut que Gugusse soit ridiculisé au moyen d’une toile qui le projette en l’air sur le cri de lancement « A dri, a dra, houp tata Gugusse ». Inutile de préciser bien sûr que ce qui fait la renommée de ce groupe est de ne pas se limiter au seul Gugusse mais bien de le remplacer par des personnes, principalement féminines, tirées de la foule. Le costume actuel de Gugusse, pantalon pied de poule, sarrau bleu, foulard rouge à pois blancs et casquette bleue, ne traduit pas sa représentation exacte. Une longue robe blanche avec une capuche et un masque noir, qu’on appelle un loup, représentent la tenue de Gugusse. Certaines opinions, ajoutées au fait qu’il était brûlé le mardi-gras lui prêtent la symbolique de l’hiver. D’autres prétendent qu’il se limite à être un personnage marchois doté de l’esprit typique de la ville. Jusque vers les années 30, à Marche, le mardi-gras, on pratiquait « le bernement de Gugusse » qui se clôturait par un grand feu qu’Albert Renson (auteur patoisant marchois) constatait déjà comme se faisant rare en 1929. Les sorties de Gugusse étaient plus spontanées et la foule partageait l’enthousiasme de la bande en fête devant l’arrivée proche de la bonne saison. Le carnaval tel qu’on le connaît aujourd’hui trouve ainsi son origine dans Gugusse. Vers 1952, quelques jeunes Marchois attachés aux traditions ont provoqué la renaissance de Gugusse. Sous l’égide du Syndicat d’Initiative, en collaboration avec quelques sociétés, Gugusse sortait avec ses porteurs, ses pleureurs, ses musiciens qui rappelaient l’antique tradition de l’Harmonie. Les figurants rappellent les Grenadiers, héros marchois de MarieThérèse d’Autriche, morts sur le champ d’honneur. Ensemble, ils déambulaient au travers des rues étroites de la ville, faisant étape dans tous les cafés. A partir de 1961, une structure plus importante est consacrée au carnaval qui s’agrémente de chars réalisés par différentes sociétés locales. C’est depuis lors que le cortège carnavalesque se fait le dimanche, le mardi-gras étant toujours consacré à Gugusse.

Gugusse a un cousin français…

Le bonhomme Saint-Pansard est un mannequin bourré de paille avec un costume tout noir. Il a un bonnet blanc. Il est le symbole du bon vivant. Sa tête est un masque en carton avec des grosses joues rouges.

Le diable est en habit rouge. Il tient dans sa main une fourche pour piquer le Saint-Pansard, quand il est sur la bâche, avant de le faire sauter….

Ce bonhomme est issu de la commune de Trélon, dans le nord de la France, à 40 km de Maubeuge. Chaque année s’organise un carnaval qui a ses origines dans les jours gras. On y fait sauter aussi dans une toile un personnage (…)

Contact

Xavier Saintviteux
Président
carolinerenard2008@gmail.com

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